L'art russe

Ceux qui s'opposent à l'idée que la Russie appartient au monde occidental soulignent généralement que les Russes, tout au long de l'histoire, ont vécu à la croisée des civilisations et ont donc adopté les valeurs culturelles de l'Europe et de l'Asie.

Comme l'a dit Lev Goumilev, un historien russe et l'un des eurasianistes les plus respectés (mode de pensée qui considère la Russie comme un pays eurasien, à la fois occidental et oriental), « la Russie est un pays distinct qui unit des éléments de l'Occident et de l'Orient ».

On a longtemps considéré que l'art slave, et plus particulièrement l'art russe, n'était qu'une suite et même une corruption de l'art byzantin; on sait aujourd'hui, d'après des documents positifs et les objets retrouvés dans les fouilles, qu'outre les éléments byzantins, l'art russe est composé d'éléments empruntés à l'Antiquité classique, à la Grèce, à l'Asie, à l'Inde, à la Perse : l'influence touranienne et iranienne, spécialement cette dernière, est très sensible dans l'art russe. L'originalité de celui-ci consiste justement dans le mélange de tous ces éléments.

L'art russe :

Par art russe ancien les historiens de l'art désignent la période d'activité artistique qui débute en Russie par l'adoption du christianisme, en l'an 988, et se poursuit jusqu'à la réforme de Pierre le Grand, au début du XVIIIe siècle, moment où l'art religieux d'inspiration byzantine est remplacé par un art profane qui participera à tous les grands courants de l'art occidental : baroque, néo-classicisme, romantisme et réalisme. 

Jusqu'au début du XXe siècle, l'art russe ancien était fort mal connu, et certains historiens ne le reconnaissaient pas comme art. La plupart des icônes disparaissaient sous les repeints successifs, et personne ne se doutait que, sous cette croûte noirâtre, dormaient des couleurs étincelantes. Après la révolution d'Octobre, les travaux de restauration du patrimoine artistique national se développèrent grâce à l'encouragement direct de l'État. 




À l'heure actuelle, bien des chefs-d'œuvre ainsi rendus à la vie sont visibles dans les musées de Moscou, de Saint-Pétersbourg et de maintes autres villes. En 1960, un musée Roublev s'est ouvert à Moscou. À la façon des Italiens de la Renaissance qui étaient fascinés par l'art romain, les Russes éprouvèrent toujours un attrait privilégié pour l'art byzantin. Mais il ne faudrait pas en conclure que leur production artistique ne fut qu'une ramification de celle de Byzance. 

Au contraire, un développement échelonné sur plusieurs siècles lui conféra une vigoureuse singularité nationale. Le spécialiste distingue au premier coup d'œil le sanctuaire ou l'image sainte russe et l'œuvre d'art byzantin. Son originalité nationale, l'art russe la doit au fait d'exprimer la conscience que le peuple russe a de son devenir, de son histoire.


Konstantin Egorovich Makovsky (1839-1915), ''Tea Drinking'', 1914


Le réalisme :

Le réalisme devient la peinture dominante au XIXe siècle. Les réalistes capturent l’identité des Russes en peignant aussi bien des paysages de larges rivières, de forêts ou d’étendues de bouleaux que des portraits robustes de leurs contemporains.

D’autres artistes se focalisent sur la « critique sociale » montrant la condition des pauvres et caricaturant les dirigeants; le réalisme critique fleuri sous le règne d’Alexandre II, avec quelques artistes qui font de la souffrance humaine leur thème principal.

D’autres dépeignent les moments dramatiques de l’histoire russe.


Vassili Sourikov, Le Matin de l'exécution des Streltsy, 1881


Les Ambulants (ou Peredvizhniki) rompent avec l’Académie russe et fondent une école d’art libéré des restrictions académiques. Quinze peintres fondent à St. Pétersbourg en 1871 la Société des Ambulants. Leurs expositions itinérantes touchent un grand public. Ils assument la modernité des impressionnistes et des réalistes français. Dans de nouvelles icônes laïques ils célèbrent avec lyrisme la nature russe et ils illustrent la vie du peuple dans de vastes « tableaux-chorale » aux allures parfois épiques, qui annoncent le grand cinéma soviétique. Nous en présenterons un répertoire exceptionnel et trop méconnu (de Kramkoï et Sourikov à Gay et Répine).

A travers leur peinture, c'est toute la vie sociale de la Russie impériale qui s'exprime souvent avec douleur. Tout en conservant une grande diversité de styles et d'inspiration, les Ambulants ont merveilleusement traduits en peinture l'âme russe. Par le truchement de leurs tableaux, ils nous racontent la misère et l'ignorance du peuple, et nous dépeignent les magnifiques paysages russes, le folklore et la vie de tous les jours en Russie.


Vasilii Polenov (1844-1927) - Moscow Patio (1878)

Ilia Répine, Procession religieuse dans la province de Koursk (1880–83)

Grigori Miassoïedov - Débarcadère à Yalta, 1890


A la fin du XIXème siècle, les artiste russes se détournent des modèles occidentaux, encore enseignés dans les Académies, et cherchent des voies nouvelles en réinterprétant l'héritage de la Russie, ancienne, littéraire, historique et artistique, et ses traditions populaires que les cercles intellectuels slavophiles redécouvrent. Cette quête se traduit aussi bien dans les paysages et dans les sujets russes contemporains.

L'une des expressions les plus démonstratives est le style "néo-russe", qui s'appuie sur une réinterprétation savante de l'art russe ancien et de l'art populaire, ce dernier étant considéré comme l'un des conservatoires du génie de la tradition. Ce mouvement de retour aux sources est fondamental pour comprendre la genèse des avant-gardes russes qui, au-delà des influences occidentales certaines, puisent largement dans l'héritage national.


Mikhail Nesterov  - Vision of Youth Bartholomew (between 1889 and 1890)


Symbolisme russe, Art Nouveau, Mir iskousstva

Au tournant du xxe siècle et pendant celui-ci, beaucoup d’artistes, tels Boris Koustodiev, Kouzma Petrov-Vodkine, Mikhaïl Vroubel et Nicolas Roerich, Mikhaïl Nesterov développent leur propre style, ni réaliste ni avant-gardiste.

La première vague était plus spontanée et peut être qualifiée de réaction néoromantique spontanée. Chacun cherche sa voie : les uns se tournent vers les personnages de la littérature romantique (Le Démon assis de Mikhaïl Vroubel), d'autres vers l'histoire ancienne (Nicolas Roerich et ses antiques slaves), d'autres encore vers des idéaux religieux (Mikhaïl Nesterov) ou éthiques. Ils ont cependant en commun le désir de changer le monde qui les entoure pour créer un monde nouveau selon les lois de l'art. La seconde vague du symbolisme russe, contrairement à la première, acquiert les caractéristiques d'un véritable système esthétique. L'activité des jeunes symbolistes est à la recherche de principes artistiques généraux, d'un langage pictural particulier propre à ce seul courant.


Mikhail Nesterov - Girls on the Banks of the River 


Les décors du monde du théâtre occupent une place importante dans le symbolisme russe. Ils représentent un des chemins les plus naturels pour surmonter la banalité de l'art réaliste et l'ennui qu'il engendre. Ces décors offrent la possibilité d'aborder des toiles de très grande dimension et de libérer l'artiste de l'étroitesse du tableau de chevalet.

Source Russiabeyond, Univerlasis Russie Art et Culture, Wikipédia, Vu pas vu, Babelio, Imago Mundi.



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